Pourquoi y a -t-il urgence à renforcer l’attractivité de nos métiers ? Que pouvons-nous faire pour qu’ils soient davantage attractifs ?
Tel était le cœur des échanges organisés le vendredi 12 avril dans le cadre du congrès annuel de la CAPEB qui a par ailleurs permis d’accueillir les ministres de la Transition écologique et du Logement ainsi que le Haut-Commissaire à l’Enseignement et à la formation professionnels.
Trois membres du Gouvernement avaient répondu présents à notre invitation ce vendredi 12 avril pour participer au congrès annuel de la CAPEB axé cette année sur l’attractivité des métiers et surtout sur l’urgence d’agir ensemble, rapidement et avec une plus grande efficience.
Devant l’ensemble des représentants du Réseau et des invités issus de notre environnement institutionnel, technique, économique et social, le Président Jean-Christophe Repon a accueilli tout d’abord Christophe Béchu, le Ministre de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires. Dans le cadre d’un échange direct, franc, courtois et même chaleureux, ils sont revenus sur les mesures annoncées le 8 mars dernier en vue de simplifier le dispositif du RGE et de MaPrimeRénov’. Une occasion pour le Président de la CAPEB d’obtenir confirmation des engagements pris, en particulier en ce qui concerne la pérennité du recalibrage de MaPrimeRénov’, le parcours de travaux, l’accès au RGE via la VAE, le GME, et l’encadrement de la sous-traitance.
Ces mesures sont essentielles pour apporter la dynamique durable dont les artisans du bâtiment ont besoin. Les perspectives d’activité sont là et bien là, qu’il s’agisse de la rénovation énergétique comme de l’adaptation des logements au confort d’été et au vieillissement de la population. Ces marchés sont colossaux et les artisans du bâtiment en première ligne pour y répondre. Un point que nos invités, François Gemenne et Emmanuel Lechypre ont largement partagé. Mais pour ce faire, les entreprises ont besoin de recruter et pour y parvenir, de changer l’image tant des métiers du secteur que de la petite entreprise !
Les artisans eux-mêmes s’y emploient, et assument pleinement la responsabilité qui est la leur en termes d’image du secteur. Un film présentant 3 exemples l’a démontré. Créer une bonne ambiance au sein des équipes pour que les uns et les autres se sentent bien dans l’entreprise et, par conséquent, soient incités à en parler favorablement autour d’eux, est un mode de fonctionnement choisi par Sébastien Petit, artisan Plâtrier à St Herblain (44). Organiser la montée en compétences et même, pousser les apprentis vers l’excellence, est également une façon de générer et de nourrir la fierté d’appartenance à une entreprise et donc d’en donner une belle image, comme le fait régulièrement Etienne Cottenceau, artisan Tailleur de pierre à Lys-Haut-Layon (49). Permettre à ceux qui se reconvertissent de découvrir les métiers de l’artisanat du bâtiment directement sur chantier, d’apprendre en travaillant avec les artisans, est une manière de recruter qui a fait ses preuves puisque 9 stagiaires sur 10 restent dans l’artisanat du bâtiment, comme le constate Christophe De Quelen à Rostrenen (22).
Bref, tout est bon pour promouvoir les métiers de l’artisanat du bâtiment et la petite entreprise. Les métiers du bâtiment font bien évidemment l’objet de campagne de promotion régulièrement, souvent réussies d’ailleurs, à l’instar de « la construction » du CCCA-BTP ou de « T Refait », la campagne menée par l’Ademe pour inciter les jeunes à s’orienter vers la rénovation énergétique. Mais toutes ces campagnes ciblent le bâtiment en général et non pas l’artisanat du bâtiment, ce qui est très différent. C’est ce que nous avons voulu démontrer lors d’une première table ronde avec Patrice Grouzard qui a piloté la campagne de France Rénov en 2022, Florence Cognie, Professeure et chercheuse de l’Université de Rouen qui a travaillé sur l’identité et la métamorphose de l’Artisanat, ainsi que Laure Vial, cheffe de file Compétences et formation de la CAPEB.
Après le regard extérieur de Thierry Marx, chef cuisinier et Président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, qui a rappelé comment le métier de cuisinier était sorti de l’ombre et de sa mauvaise image, une dernière table ronde a permis d’envisager les freins à lever pour changer de paradigme et accélérer l’attractivité des métiers.
Jean-Christophe Repon était entouré pour ce débat de Geoffroy de Vitry, Haut-Commissaire à l’Enseignement et à la Formation Professionnels, et de Philippe Dessertine, Economiste et Professeur en Sciences de management. Une occasion de souligner la nécessité de s’adresser autrement aux jeunes, d’en accueillir le plus grand nombre en stages de découverte, de valoriser la force de l’artisanat face à l’innovation.
La matinée s’est terminée par une séance officielle avec le Ministre du Logement Guillaume Kasbarian qui a confirmé être parfaitement d’accord avec Christophe Béchu tant sur le mono geste, que sur la simplification du RGE, sur la durée de validité de la qualification, sa validation par la VAE, sur la sous-traitance.
Bref, un congrès riche et à la hauteur de ce que représentent la CAPEB et l’artisanat du bâtiment.