L’entretien amélioration impacté à son tour

Au 1er trimestre 2024, la croissance des travaux de performance énergétique est en perte de vitesse (+ 0,5 %, contre + 1,5 % au trimestre précédent). Ce ralentissement impacte l’activité en entretien amélioration, qui enregistre son premier recul en glissement annuel depuis la crise sanitaire (-0,5 %). En parallèle, la construction neuve est, ce trimestre encore, en difficulté, bien que le recul soit en glissement annuel moins rapide qu’au trimestre précédent (-3,5 %). Ainsi, le volume d’activité des entreprises artisanales du bâtiment recule de 1,5 % en glissement annuel.

Les perspectives dégradées pour l’année 2024 se confirment. Au 1er trimestre 2024, l’activité des entreprises artisanales du bâtiment diminue de 1,5 % en volume par rapport au 1er trimestre 2023, même évolution qu’au 4e trimestre 2023. Les carnets de commandes à la fin du 1er trimestre 2024 représentent 74 jours de travail à venir en moyenne, soit 13 jours de moins qu’un an auparavant et 1 jour de moins qu’à la fin du 4e trimestre 2023. Les besoins en trésorerie concernent une part plus importante des entreprises ce trimestre (22 %), soit 5 points de plus qu’à fin 2023. Les entreprises concernées évoquent en majorité la baisse de leur activité comme origine de ces tensions.

Le ralentissement de l’activité est sensible dans toutes les régions. Il demeure contenu ce trimestre encore en PACA Corse (- 0,5 %), tandis qu’il est plus marqué en régions Auvergne Rhône-Alpes et Grand Est (-2,5 %).

Les différents corps de métiers connaissent des évolutions de leur volume d’activité comprises entre -1 % et -2,5 % ce trimestre, soit la même évolution qu’au 4e trimestre 2023 à l’exception des entreprises de Couverture Plomberie Chauffage (-0,5 point).

L’activité en entretien amélioration enregistre sa première diminution en glissement annuel ce trimestre (-0,5 %, une première depuis la crise sanitaire), après avoir stagné pendant trois trimestres consécutifs. D’une part, la demande de travaux demeure contrainte, et impactée négativement par les tensions sur le marché immobilier. Le nombre de ventes de logements anciens cumulées sur 12 mois continue de diminuer depuis août 2021. Le niveau de janvier 2024 est ainsi inférieur de 22 % à celui de janvier 2023, tandis que les montants des crédits à l’habitat accordés au 3e trimestre 2023 (qui sont à plus de 80 % destinés à l’achat de logements anciens) sont toujours en recul en glissement annuel.

D’autre part, les travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements, qui avaient conservé un élan positif en 2023 et ainsi permis la résistance des travaux d’entretien amélioration, se montrent moins dynamiques au 1er trimestre 2024 avec 0,5 % en glissement annuel et en volume.

Ce ralentissement de la croissance est la conséquence de la réforme MaPrimeRénov, entrée en vigueur au 1er janvier 2024 qui priorisait les rénovations globales, plus coûteuses et complexes, dans le cadre d’un process et d’une architecture, pour partie, inadaptés aux réalités de terrain. Ce trimestre encore, c’est la construction neuve qui est le plus en difficulté même si l’activité en construction neuve des entreprises artisanales du bâtiment recule moins fortement qu’au dernier trimestre 2023 (-3,5 % en volume ce trimestre par rapport au 1er trimestre 2023, contre -4,5 % au 4e trimestre 2023), sans toutefois présager d’un retournement prochain de la tendance.

Les autorisations et les mises en chantier demeurent, en effet, mal orientées. Cumulées sur 12 mois, à février 2024, elles reculent respectivement de 21,8 % et 25,2 %. Le solde d’opinion sur les carnets de commande est nettement plus dégradé pour la construction neuve que pour l’entretien amélioration (-16 points contre -4 points).

La poursuite du ralentissement tendanciel de 2023 se confirme donc pour 2024.

La construction neuve ne montre pas de signaux d’amélioration. Le processus de désinflation en cours n’a pas encore conduit la Banque Centrale Européenne à baisser ses taux directeurs, bien qu’une première baisse soit probable avant la fin du 1er semestre. Ce signal serait favorable pour la détente des conditions de financement, et par extension pour le marché de l’immobilier.

La croissance moins dynamique des travaux de performance énergétique était attendue par la CAPEB, au vu des paramètres de la réforme de MaPrimeRénov’ entrée en vigueur au 1er janvier 2024, qui a fait l’objet depuis d’ajustements comme, par exemple, la possibilité de réaliser des mono-gestes sans avoir l’obligation de remplacer son système de chauffage carboné qui sera réouverte à partir de la mi-mai jusqu’à la fin de l’année 2024, d’une part, et le projet de simplification de la qualification RGE, d’autre part.

Ces évolutions devraient permettre aux travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements d’être plus dynamiques sur la seconde moitié de l’année. Malgré ces potentielles pistes de détente, la conjoncture demeure dégradée et les nettes tensions sur l’activité de l’artisanat du bâtiment devraient perdurer pour le restant de l’année 2024.


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