La 10ème édition du Baromètre ARTISanté est parue

Des artisans du bâtiment épanouis dans leur métier et leur rôle de chefs d’entreprise mais fatigués, et un peu moins optimistes qu’auparavant. Tels sont les principaux enseignements de ce baromètre.

Ces trois dernières années ont été assez mouvementées pour les chefs d’entreprises artisanales du bâtiment qui, après une période COVID difficile à gérer, la hausse des coûts des matériaux qui a compliqué les trésoreries et affecté l’activité„ la guerre en Ukraine qui a contrarié bien des approvisionnements et renchérit considérablement le coût de l’énergie doivent désormais faire face à une diminution de leurs carnets de commandes et à une dégradation de leurs perspectives d’activité. Évidemment, tout cela est à l’origine d’un stress croissant qui pèse sur le moral des artisans.

Au quotidien, le rythme de travail reste très élevé même s’il a tendance à diminuer un peu par rapport à 2022. Ainsi, les chefs d’entreprise artisanale sont désormais 21 % à travailler plus de 60 heures par semaine (23 % en 2022) et 34 % plus de 50 heures par semaine (vs 36 %). Ils sont 44 % à travailler moins de 35 heures en 2023 alors qu’ils n’étaient que 40 % dans ce cas en 2022. Tout petit progrès donc. Cette année encore, le baromètre confirme que plus le nombre de salariés est important, plus la durée du travail est longue, ce qui s’explique par les tâches administratives afférentes à la gestion du personnel. Ainsi, 44 % des artisans sans salarié travaillent plus de 50 heures par semaine alors que 73 % des employeurs de 16 à 20 salariés sont dans ce cas.

Un point positif dans ce rythme de travail : les artisans qui travaillent le week-end sont moins nombreux qu’en 2022 (48 % vs 53 %) et c’est heureux car le baromètre met en évidence une très nette corrélation entre les week-ends travaillés et le niveau de fatigue. Les artisans qui ne travaillent jamais le week-end sont 47 % à dire qu’ils ne sont pas fatigués et, à l’inverse, 39 % de ceux qui travaillent tout le temps sont très fatigués.

Côté vacances, les chefs d’entreprise ne sont pas partis longtemps en 2023. Près d’un tiers d’entre eux n’a pris que 2 semaines de congés. Mais, là encore, les différences sont notables selon le nombre de salariés. Ainsi, les artisans travaillant seuls ont du mal à quitter leur entreprise (42 % n’ont pris que 2 semaines). Ce sont les employeurs de 6 à 15 salariés qui prennent le plus de congés 55 % des 6/10 salariés prennent 4 à 5 semaines, 53 % des 11/15 également. A noter que les employeurs de 16 à 20 salariés sont les plus nombreux à prendre 6 semaines de congés ou plus (14 %).

Mais ceux qui partent laissent leur tête dans l’entreprise ou plus exactement dans leur boîte mails… 60 % des artisans déclarent ainsi consulter leurs mails pendant leurs congés, une proportion qui s’accroît d’année en année (58 % en 2022, 57 % en 2021, 51 % en 2020). La plupart veulent éviter d’être submergés à leur retour (75 %) mais 62 % le font pour continuer à suivre leur activité et 57 % pour rester disponibles auprès de leurs clients (41 % disent même qu’ils n’ont pas le choix) et 30 % craignent de passer à côté d’une opportunité de marché.

Pas ou peu de coupure donc avec l’entreprise. Pas étonnant donc que la grande majorité des artisans aient le sentiment que leur vie professionnelle empiète sur leur vie personnelle. C’est une réalité ! Mais fort heureusement, cette implication quasi ininterrompue dans l’entreprise est généralement bien acceptée par l’entourage.

Il faut dire que l’organisation de l’entreprise, la gestion du personnel, les tâches administratives, la comptabilité et même la communication, sont toujours plus énergivores.

Malgré tout, 65 % des chefs d’entreprise ont le sentiment d’être suffisamment accompagnés dans cette gestion. Les 35 % qui auraient besoin d’un plus grand soutien attendent ce soutien de la part de leur comptable (46 %), des services de l’Etat ou de l’Urssaf (45 %) mais aussi de leur organisation professionnelle (43 %). Ils ont surtout besoin d’accompagnement pour les questions de santé sécurité au travail, de droit salarial, d’assurance.

Fait nouveau cette année, en lien avec la baisse d’activité constatée : près de 20 % des chefs d’entreprise disent avoir besoin d’un accompagnement dans le domaine commercial, pour la promotion de leur activité et la recherche de nouveaux marchés.

Le rythme de travail est source de stress. Ainsi, 80 % des artisans travaillent dans l’urgence. Et le stress engendre des difficultés de sommeil qui ont à leur tour des incidences sur l’activité : manque d’énergie (70 %), irritabilité (52 %) et difficultés de concentration (43 %).

Quant aux perspectives d’activité, les chefs d’entreprise interrogés pour ce 10ème baromètre sont partagés. 47 % constatent que leur activité a progressé et 38 % sont optimistes pour l’avenir. C’est mieux que l’an dernier (35 %) mais beaucoup moins qu’en 2021 (51 %) et qu’2019 (54 %).

Parmi les dirigeants pessimistes et inquiets pour la pérennité de leur entreprise (452 sur 2106 répondants), 57 % n’ont pas gardé cette angoisse pour eux et 34 % d’entre eux se font aider. Même chose pour les artisans qui ont rencontré des difficultés psychiques en 2023 (43 %). 58 % d’entre eux en ont parlé à leur conjoint (73 %) ou à leur médecin (57 %). Mais 42 % ont continué à taire leur situation, principalement pour ne pas inquiéter leur entourage.

L’état d’esprit des chefs d’entreprise en fin d’année 2023 était mi-figue mi-raisin. 72 % se déclaraient alors fatigués, 31 % inquiets et même 18 % résignés mais 20 % étaient au contraire confiants.

Enfin, malgré le fait que les artisans du bâtiment aient parfaitement conscience que leur travail est exigeant physiquement et mentalement (82 % et 89 %), ils sont totalement épanouis dans leur métier (86 %) et dans leur rôle de chef d’entreprise (59 %).

Voir ici le baromètre

  • 86 %
    Des artisans se déclarent épanouis dans leur métier

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