L’attractivité de l’artisanat du bâtiment, qu’en est-il aujourd’hui ?

La première table ronde organisée dans le cadre du congrès visait à faire un état des lieux des moyens mis en œuvre aujourd’hui pour attirer de nouveaux talents dans l’artisanat du bâtiment. Pour en parler, la CAPEB avait convié Florence Cognie, professeure et chercheuse associée à l’université de Rouen, auteure notamment d’une thèse sur « la métamorphose de l’artisanat », Patrice Grouzard, Chef de service « Mobilisation des Professionnels » à l’Ademe, qui a lancé une campagne pour favoriser le recrutement des nouveaux entrants nécessaires au marché de la rénovation énergétique, et Laure Vial, Administratrice de la CAPEB cheffe de file des questions Compétence et formation.

Les trois intervenants ont commencé par réagir au film témoignage qui avait été diffusé en introduction et qui montrait trois exemples d’actions menées par des artisans du bâtiment pour recruter et pour fidéliser des compétences. (le revoir ici).

Laure Vial a noté que ces exemples évoquaient « des métiers passionnants, le bon geste, la bonne posture, ce qui doit conduire à faire de bons recrutements et recruter, c’est tenir notre place dans ce qu’on attend de nous, c’est-à-dire amener de l’activité dans nos entreprises et répondre aux besoins. Accueillons tout le monde y compris les reconvertis ».

Florence Cognie y a vu l’incarnation de valeurs fortes, à commencer par la culture de l’artisanat du bâtiment qui est l’art de faire, le beau geste, la valorisation des apprentis, le patrimoine,….mais également la formation, l’engouement et la morale qui lui est associée, et enfin, l’idée de famille et de communauté, 3 dimensions qu’elle a estimé être une très grande force.

De son côté, le représentant de l’Ademe a jugé très important que les artisans soient acteurs eux-mêmes de leur promotion. « Il faut changer de discours et nos récits et travailler sur de nouveaux imaginaires. On ne peut pas créer une attractivité avec des arguments anciens » a-t-il observé.

Laure Vial a rappelé qu’en 2030, la génération Z représentera le tiers de la population, cette génération qui recherche du sens mais qui connait mal l’Artisanat du bâtiment. Elle a rappelé les actions menées par la CAPEB pour y remédier : un livre blanc en collaboration avec le CCCA-BTP pour mettre en évidence ces valeurs partagées avec l’artisanat du bâtiment, une campagne « Artisan du bâtiment pour moi, pour nous tous », une opération inédite lors des WorldSkills pour favoriser la découverte des métiers de l’artisanat du bâtiment et leur proximité avec les valeurs environnementales si chères aux jeunes.

Florence Cognie a fait observer que la formation est un vecteur essentiel d’attractivité, rappelant que c’est grâce à la formation institutionnalisée que les enfants d’ouvriers ont pu se mettre à leur compte et remplacer peu à peu les héritiers qui étaient formés dans l’entreprise familiale et qui sont allés vers d’autres métiers. Elle a souligné que les jeunes s’inscrivent désormais dans un temps court et qu’il est difficile, à 15 ans, de se projeter sur la potentialité de devenir chef d’entreprise à 35 ans, ce à quoi Laure Vial a objecté que l’apprentissage avait repris une grande vigueur depuis 4 ou 5 ans, précisant que 90 % des apprentis sont satisfaits de leur formation.

Patrice Grouzard a recommandé l’utilisation des supports d’information préférés des jeunes pour mieux les sensibiliser aux métiers : le digital bien sûr, mais aussi le gaming, l’influence, les webséries. “Il faut aussi leur montrer que ces métiers ont du sens à travers l’urgence climatique” a-t-il préconisé.

Un point que Laure Vial a approuvé tout en faisant observer que les métiers de l’artisanat du bâtiment sont différents des métiers du BTP en général et que les artisans du bâtiment ont beaucoup d’arguments intrinsèques à faire valoir : l’humain, la proximité, l’écoute. « Ce modèle d’entreprise répond aux aspirations des jeunes et peut vraiment donner envie de choisir la petite entreprise.» a-t-elle souligné.

De son côté, le représentant de l’Ademe a considéré que les artisans sont des acteurs clés de la transition écologique et qu’ils doivent donc pouvoir se former à cette transition car, selon lui, c’est de cette façon qu’ils pourront devenir attractifs pour les jeunes. « Et attractifs également pour les femmes qui représentent un vrai potentiel de développement » a complété la Professeure de Rouen.


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