Comment faire pour attirer davantage les jeunes ?

Le politologue François Gemenne est revenu sur le besoin des entreprises en compétences : « Personne ne se tracasse de savoir comment on va rendre ces métiers attractifs […] Les héros du climat sont les gens qui vont changer les chaudières ou repeindre les toits en blanc. Il y a un vrai enjeu de valorisation dans les médias et l’espace public » a-t-il déclaré.

Emmanuel Lechypre a fait observer qu’il y a, certes, un manque de valorisation, mais certainement pas de reconnaissance car, à l’instar des agriculteurs, les Français « adorent » leurs artisans et 80 % reconnaissent qu’ils sont compétents et font un travail de qualité. « Le bâtiment en général, c’est une entreprise, l’artisan c’est quelqu’un. Il y a une incarnation. Les Français veulent savoir qui fabrique leur viande ou leur vin et c’est pareil avec l’artisanat ».

« C’est un enjeu de proximité » a confirmé François Gemenne, pour les emplois comme pour la transition écologique : « Les gens sont beaucoup plus enclins à se motiver pour la transition énergétique s’ils en voient les enjeux pour leur localité » a-t-il noté. L’économiste a ajouté qu’« il n’y a pas beaucoup de professions autres que dans l’artisanat qui subit autant les assauts administratifs et réglementaires. Il faut dire aux jeunes qu’ils vont entrer dans un secteur où ils seront bien payés, assez nettement au-dessus des rémunérations accordées dans d’autres secteurs, où ils vont faire un métier d’avenir ».

Il a considéré que l’IA ne menace pas autant l’artisanat que d’autres secteurs, s’appuyant en cela sur de récentes études qui révèlent que l’IA bouleversera 46 % des métiers administratifs mais seulement 6 % des métiers du bâtiment.

Les deux intervenants ont considéré que les artisans du bâtiment « vont complètement dans le sens de la marche ».

« Il faut insister sur les bénéfices de l’action plutôt que sur le coût de l’inaction » a dit le politologue, conforté en cela par l’économiste qui a ajouté « si on a une seule balle à tirer pour résoudre les problèmes de la société française c’est celle du logement : des emplois, une meilleure qualité de vie au quotidien, des enfants qui apprennent dans de meilleures conditions, des quartiers où il y a moins d’insécurité, etc. ».

Et de conclure : « On n’est plus dans l’opposition entre les métiers manuels et les métiers intellectuels mais dans un rapport entre les métiers du concret et les métiers de l’immatériel ».


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