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Représentativité : 2 victoires consécutives pour les TPE du bâtiment et la CAPEB
Deux décisions de justice vont dans le sens d’une reconnaissance du champ des entreprises comptant jusqu’à dix salariés, une revendication que nous portons depuis 4 ans !
Le 5 juillet dernier, la Cour d’appel de Paris a rejeté la requête de la FFB visant à faire annuler l’arrêté du Ministre du Travail conférant à la CAPEB sa représentativité et son droit d’opposition sur le champ des entreprises employant jusqu’à dix salariés. Ce faisant, elle a confirmé l’arrêté et, par conséquent, la représentativité de la CAPEB et son droit d’opposition majoritaire sur ce même champ.
Le 21 juillet, nouvelle victoire de la CAPEB : le champ des entreprises du bâtiment occupant jusqu’à 10 salariés est consacré par la justice, et le ministère du travail est contraint de publier dans les trois mois les arrêtés de représentativité des organisations de salariés que nous réclamons depuis 4 ans !
Quelques rappels ici pour comprendre la portée historique de cette décision : pendant trop longtemps les représentants des grandes entreprises se sont appropriés l’exclusivité de la négociation paritaire, défendant aisément leurs intérêts mais de manière moins évidente ceux des petites entreprises, souvent peu compatibles à ceux des premières. De ce fait, les représentants des grandes entreprises ont défini des règles sociales souvent inappropriées ou difficilement compatibles avec les réalités des petites entreprises. C’est la raison pour laquelle la CAPEB s’est âprement battue pour développer un dialogue social propre à l’artisanat du Bâtiment et a signé à cette fin un accord avec l’ensemble des organisations de salariés en 1995. Cet accord a permis de faire naître un dialogue social équilibré entre la CAPEB et les organisations de salariés, notamment au sein de l’APNAB mais pas que.
Depuis 2019, la CAPEB et les trois organisations de salariés majoritaires dans le bâtiment ont négocié et signé plusieurs accords majeurs pour répondre aux nécessaires évolutions sociales dans les entreprises et dans les relations employeurs/salariés. Ont ainsi été constituées en 2019 deux CPPNI (Commissions Paritaires Permanentes de Négociations et d’Interprétation), lieux officiels où doivent se dérouler toutes négociations paritaires. La CAPEB, la CFDT, la CGT et l’UNSA qui ont signé l’accord instaurant ces CPPNI, avaient pour objectif de remplacer les 4 conventions collectives nationales (CNN) catégorielles actuelles, vieillissantes et inadaptées (elles ont plus de 30 ans pour certaines d’entre elles) par 2 conventions inter catégorielles, l’une pour les salariés des entreprises du bâtiment employant plus de 10 salariés, et l’autre pour les salariés des entreprises du bâtiment employant jusqu’à 10 salariés. Des CCN plus simples, plus claires, plus modernes et ayant le mérite de clarifier des points de contentieux récurrents comme les temps de trajet et leur mode d’indemnisation.
A la suite, la CAPEB et les mêmes organisations de salariés ont signé deux accords (+10 salariés et – 10 salariés) sur l’apprentissage, les reconversions professionnelles, la participation,…). Tous ces accords ont été rédigés et négociés avec la volonté de faire progresser la vie sociale au sein des entreprises, de rendre les métiers du bâtiment plus attractifs aux yeux des jeunes dont on sait combien ils sont attachés à la qualité des conditions de travail qu’on leur offre, mais également d’encourager les chefs d’entreprise à recruter grâce à des règles sociales plus sécurisantes pour eux. Seulement voilà, un arrêté déterminant la représentativité des organisations de salariés est indispensable pour définir qui a le droit de signer les accords ouverts à la signature, que ce soit sur le champ des entreprises comptant jusqu’à 10 salariés comme sur celui couvrant les entreprises employant plus de 10 salariés. A défaut, tous les accords signés, aussi favorables soient-ils aux chefs d’entreprise comme à leurs salariés, ne peuvent être étendus, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent s’appliquer.
Or, le Ministère du Travail refuse de publier ces arrêtés de représentativité, en dépit des demandes répétées que nous lui avons faites depuis 4 ans, appuyés en cela par les organisations de salariés. N’ayant qu’un mur de silence pour toute réponse, nous avons fini par déposer un recours en justice contre le Ministère du Travail pour abus de pouvoir.
La Cour d’appel de Paris, qui statuait sur ce recours, enjoint l’Etat de publier la liste des organisations syndicales représentatives sur le champ des entreprises employant jusqu’à 10 salariés.
Par cette décision, la justice adresse un signal fort aux 622 000 entreprises artisanales du bâtiment et à leurs 520 000 salariés en établissant l’utilité de disposer de cette mesure pour les organisations syndicales de salariés. Ce faisant, elle reconnaît le champ des entreprises du bâtiment employant jusqu’à 10 salariés, comme périmètre de négociation. Une avancée majeure pour ces petites entreprises qui, rappelons le, représentent 97% des entreprises du secteur et dont les particularités sont ainsi reconnues.
Cette décision marque donc un tournant majeur. En ouvrant la voie à la mise en œuvre des accords conclus depuis 2019, elle devrait permettre à ces entreprises de bénéficier de normes sociales adaptées et sécurisées qui vont les encourager à recruter, dans un contexte où elles ont justement le plus grand besoin de compétences pour répondre aux enjeux des transitions écologique, sociétale et numérique.
Il s’agit là d’un grand pas pour l’attractivité du secteur de l’artisanat du bâtiment, qui était très attendu au regard du rôle incontournable que jouent nos entreprises pour la vitalité de notre pays.
Nous entendons bien poursuivre notre combat pour que cette victoire juridique soit demain entérinée par tous et de manière pérenne. Par cette décision, nous espérons également pouvoir enrayer un certain nombre de procédures contentieuses que nous subissons de la part de la FFB et de certaines centrales syndicales minoritaires et ainsi pouvoir poursuivre la dynamique que nous avons engagée dans la négociation de normes sociales adaptées et sécurisées pour les entreprises et répondant aux enjeux économiques et environnementaux auxquels le secteur du bâtiment doit pouvoir répondre.
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