Conjoncture et accès aux marchés au cœur de la CNAE
La Commission Nationale des Affaires Economiques s’est réunie mardi et mercredi sous la présidence de David Morales, vice-président en charge des questions économiques.
Après s’être félicités de la bonne conjoncture pour l’artisanat du bâtiment au cours du 3ème trimestre, les délégués se sont interrogés sur la pérennité de cette situation.
Ils ont tout d’abord examiné l’état des trésoreries des entreprises et considéré que le PGE peut être un outil utile. Bien sûr, l’impact de la flambée des prix et de la pénurie de matériaux a été souligné par Michel Dumon qui a appelé le Réseau à faire remonter toutes informations à ce sujet.
Les participants se sont ensuite penchés sur les marchés de la rénovation. Si les artisans du bâtiment sont leaders sur ces marchés aujourd’hui, ils doivent cependant s’interroger sur les moyens de le rester car la concurrence y est rude, notamment au travers des plateformes de mise en relation, et les mutations en cours sont majeures. Eric Le Dévéhat en a présenté les enjeux, rappelant que la place des entreprises artisanales du bâtiment sur ces marchés de la rénovation dépend largement de la qualité de leurs prestations, qu’il s’agisse des travaux, du service comme des prix, mais également du niveau de compétence des intervenants, de la valorisation des savoir-faire et des prestations associées aux gestes métier. A ces bases s’ajoute la nécessité de s’adapter aux transitions en cours qu’elles soient environnementales, numérique ou liées au vieillissement de la population et donc mesurables en termes d’accessibilité.
“On veut tous garder notre indépendance et préserver notre modèle économique quelles que soient les évolutions à venir. Et on a besoin de tout le Réseau pour cela”. David Moralès
Une vidéo synthétisant les grandes lignes de la CNAE sera prochainement disponible sur ARTUR
L’après-midi a été largement consacrée aux actions groupées, présentées par Thierry Ravon comme une solution pour conserver des parts de marché en rénovation et éviter que les petites entreprises soient exclues de certains marchés, comme cela a été le cas il y a quelques années pour celui de la maison individuelle. Une réponse également au maintien d’une contractualisation directe avec les clients. A cet égard, apprendre à proposer des offres globales peut être un atout commercial déterminant. Travailler groupés est une façon d’accroître ses marges sur certains marchés, de prendre une place dans les marchés globaux, de travailler plus facilement avec les architectes ou encore de se positionner sur des marchés très concurrentiels comme celui de la rénovation énergétique globale en maison individuelle. Ces domaines font l’objet d’expérimentations pour lesquelles des adhérents volontaires sont recherchés. Pour faciliter les GME, la CAPEB réfléchit à la mise au point d’une application spécifique à l’attention des adhérents, application qui permettrait à des groupements de formaliser leur façon de travailler.
Les délégués de la CNAE ont ensuite évoqué la question de la RSE au travers d’un rappel de la démarche « Artisans engagés Entreprise Responsable » destinée à formaliser des pratiques qui existent déjà souvent dans les entreprises. Christophe Bellanger a rappelé que la RSE est un enjeu de marché et d’image pour les TPE du bâtiment et un enjeu politique pour la CAPEB qui a la responsabilité d’accompagner les entreprises dans cette voie. Des éléments de langage permettant de présenter la démarche aux entreprises seront très prochainement disponibles. Une expérimentation est lancée auprès d’entreprises avec 9 CAPEB pour identifier les freins et les atouts de la démarche en vue de la déployer largement en 2022.
Avec Sylvain Fornès et Antony Hadjipanayotou, ils ont aussi abordé la problématique des ZFE qui, en interdisant l’accès des centres-villes aux véhicules diesel, conduisent à empêcher les entreprises artisanales du bâtiment de travailler dans ces zones puisque l’offre actuelle de véhicules professionnels hybrides ou électriques est encore très faible et/ou inadaptée. Les entreprises ont besoin de temps pour s’adapter et il est donc nécessaire d’obtenir un report d’échéances.
Pour sa part, Bruno Hatton a souligné toute l’importance pour les TPE de s’approprier une vraie démarche commerciale en répondant notamment aux demandes non exprimées de leurs clients. Car leurs véritables attentes ne s’arrêtent pas toujours au prix. Un guide de bonnes pratiques est en projet à ce sujet.
C’est avec le sujet de la digitalisation de l’économie que Jean-Yves Labat a conclu la première journée en évoquant l’entrée en vigueur en 2024 de la facturation électronique. Pour la CAPEB, et c’est tout le sens de son action auprès des pouvoirs publics, le dispositif doit être simple et adapté aux TPE mais doit également sécuriser les transmissions des données. Il a invité tous les artisans à se former notamment à l’utilisation du portail Chorus Pro.
La dernière demi-journée de cette CNAE 2021 a été consacrée aux dossiers syndicaux du moment. Jean-Claude Rancurel a fait un état des lieux sur le RGE, MaPrimeRénov’ et la qualification chantier. Il a insisté pour que cette expérimentation soit une réussite tant dans l’accompagnement des entreprises que dans la qualité des travaux réalisés. Michel Dumon a évoqué la mise en place d’une veille commerciale sur les marchés publics au travers du nouvel outil Nouma tandis que Eric Le Dévéhat a rappelé la démarche entreprise par la CAPEB pour réaffirmer le rôle et la place des entreprises artisanales du bâtiment sur les marchés du patrimoine. Enfin, Antony Hadjipanayoutou est revenu sur le partenariat de la CAPEB avec BNP Factor sur l’affacturage et indiqué que la CAPEB travaille sur un prêt affecté afin de faciliter le financement des travaux des particuliers.
Lors de son intervention, le Président confédéral a échangé avec les délégués de la CNAE sur la pénurie de matériaux et a appelé les entreprises à être vigilantes sur le calcul de leurs prix de revient et à surveiller leurs marges. Il a invité les participants à signaler les comportements non solidaires de fournisseurs que la CAPEB pourra porter à la connaissance du comité de crise mis en place par le Ministre de l’Economie et auquel elle participe chaque mois. Il a encouragé les délégués, et plus largement le Réseau, à toujours rechercher des solutions pour les entreprises au-delà des constats. La CAPEB doit encore et toujours être force de propositions. Il a également souligné les enjeux de l’expérimentation qualification chantier demandée par la CAPEB. Enfin, il a évoqué la consultation CAP CAPEB précisant qu’il s’agit d’une nouvelle façon de travailler qui répond à une demande du Réseau et à un engagement de sa mandature.